Européennes 2019 : chance historique pour La France Insoumise

Européennes 2019 : chance historique pour La France Insoumise

Européennes 2019 : chance historique pour La France Insoumise

Dans un an, le gouvernement Macron devra affronter son premier test post-élection 2017, en l’occurrence l’élection européenne de 2019. Cette élection sera également essentielle pour la France Insoumise. Depuis la séquence présidentielle/législative s’est installée l’idée que LFI représente la meilleure opposition à Macron. Il s’agira de rendre cela réel d’un point de vue électoral.

https://www.lejdd.fr/politique/sondage-melenchon-premier-opposant-a-macron-selon-les-francais-3626765

Les enseignements de 2014

Le Front National est sorti grand vainqueur de ce scrutin (24,86%), noyé par une abstention de plus en plus forte et inquiétante. De nombreuses raisons permettent de comprendre ce qu’il s’est passé lors de cette élection. Les analyses suivant les résultats du scrutin doivent être regardés tels qu’ils sont : brutaux !

Pour commencer, 57% d’abstention des électeurs ont illustré la grève civique qui a eu lieu pour ces européennes. Les catégories populaires ont majoritairement déserté les urnes. Les électeurs de Marine Le Pen en 2012 sont retournés voter FN avec un taux supérieur à ses concurrents. L’effet mobilisation de l’électorat a donc joué à plein dans le résultat du FN. D’ailleurs, la sociologie du vote FN a été jeune et populaire : ouvriers (43%), employés (38%), chômeurs (37%), foyers à bas revenus (30%), et personnes à  faible niveau de diplôme (37%) – enquête IPSOS post-élection.

https://www.ipsos.com/fr-fr/europeennes-2014-comprendre-le-vote-des-francais

Autre élément, et non des moindres, la crise de confiance à l’égard de l’Union Européenne (UE) a créé une demande de restauration de souveraineté nationale. Ainsi « pour faire face efficacement aux grands problèmes des années à venir », près de deux tiers des Français considèrent en effet « qu’il faut renforcer le pouvoir de décision national même si cela limite celui de l’Europe ».

Le séisme politique de 2017

Inutile de dire que l’élection présidentielle a rebattu complètement les cartes de la politique française. La Vème République a toujours fonctionné sur un antagonisme bipartite, grosso modo, la gauche et la droite. Or, depuis un an, nous avons vécu une tripolarisation de la vie politique française. Un pôle extrême-libéral allant de la « droite » du PS, tout le centre incarné par Macron et la « droite républicaine », pleinement intégrée chez Macron et représentée par Le Maire, Darmanin, Philippe et Juppé. Ce pôle a donc pris le pouvoir en 2017, avec une base sociale extrêmement réduite et un taux d’engagement sur le programme très faible. Un deuxième pôle identitaire et xénophobe incarné par le Front National et le nouveau patron de « Les Républicains », Laurent Wauquiez, tente de se constituer comme l’opposition au Macronisme. Seulement, le caractère insupportable de Laurent Wauquiez limite sa capacité à élargir sa base, déjà très rongée par Macron. Le Président de la République est de fait devenu le vrai patron de la droite. Reste le Front National, laminé au second tour par la prestation calamiteuse de Marine Le Pen et qui prend vestes sur vestes à chaque scrutin de législative partielle. Enfin, le troisième pôle représenté par La France Insoumise, Génération.s., le Parti Communiste Français, incarnant une vision où la question de la justice sociale, où la répartition de la richesse et de ses modes de production sont interrogées. La France Insoumise a un avantage par rapport à ses deux autres forces. Primo, elle sort à 20% à l’élection présidentielle. Secundo, elle est le moteur de l’opposition à Macron (sur le champ politique). Tertio, son programme L’Avenir en Commun, dense et complet, a été le programme ayant recueilli le plus fort taux d’adhésion chez les électeurs à la présidentielle. De plus en plus, l’Insoumission est un concept qui répand dans la société.

Les enjeux de 2019

Disons-le tout net, l’objectif de LFI doit être de terminer au moins à la deuxième position de ce scrutin. L’hypothèse pouvant être faite est que, de son côté, Emmanuel Macron arrivera à mettre les partisans fédéralistes comme Juppé autour de son programme. En conséquence, il sortira très haut de ce scrutin, en tirant le bénéfice d’exploser LR entre les eurosceptiques et les fédéralistes. Dans ce contexte, c’est la deuxième place, synonyme de premier opposant qui sera disputée. Elle le sera très certainement entre le Front National et la France Insoumise. Ces deux forces peuvent agréger les votes de colère (mais pas que, rappelons l’adhésion des gens à l’Avenir en Commun), qui est grande dans le pays. La colère populaire doit donc trouver une issue positive. La réponse raciste et xénophobe ne peut être une façon de se projeter positivement dans l’avenir. A nous de le montrer du mieux que nous le pouvons en faisant avancer nos idées dans la population. La stratégie de LFI, au travers de son groupe parlementaire est de montrer qu’un saut de crédibilité a été franchi. Il faut donc enfoncer le clou au parlement européen, et des personnes comme Younous Omarjee, député insoumis, peuvent incarner le fait que LFI peut peser dans cette assemblée.

La question de la méthode

La France Insoumise a tiré le bilan de l’impréparation d’un plan alternatif à l’Europe libérale. L’expérience Tsipras en Grèce a permis de comprendre que l’on n’arrive pas dans une négociation sans moyen de pression. C’est tout l’enjeu des sommets du Plan B que La France Insoumise a initié au niveau européen. La méthode consistant à trouver de potentiels alliés sur le continent est pertinent dans le cas où la France devra mettre en place la stratégie du Plan A/Plan B. Là encore, c’est sur la crédibilité de notre projet que nous serons jugés. D’autant que depuis la présidentielle, la question de la souveraineté nationale a pris encore plus d’importance. Le Chef de l’état a mis en avant une vision fédéraliste de souveraineté européenne. Nous devons de toute façon y répondre et enfoncer le clou que la seule souveraineté qui existe est populaire.

Outre la méthode de mise en avant du projet politique, il faudra répondre à des problèmes centraux qui seront posés par le scrutin. Les électeurs se déplaçant dans les scrutins intermédiaires sont souvent âgés de plus de 60 ans – la participation au scrutin n’a concerné qu’un quart des moins de 35 ans (27%) alors qu’elle a réuni 60% des personnes âgées de 60 ans et plus. Or, le très grand danger pour LFI est que les moins de 35 ans, ceux-là même qui ne votent pas aux européennes, ont été le cœur des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Autre danger, les plus de 60 ans sont les électeurs ayant le moins voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2017 (12%, comme en 2012).

La question des mathématiques électorales

L’élection présidentielle fait office d’exception en termes de participation. Nous devons donc considérer les résultats des élections législatives comme le vrai socle électoral de LFI. Sur les 7 millions de voix de la présidentielle, LFI en a recueilli 2 497 622 à la législative suivante, soit une perte de 64% des électeurs ! Si ce socle se réunit à l’élection européenne, ce qui est fortement probable, nous partons sur une base de 15%. C’est une situation positive, LFI avait commencé la présidentielle sous la barre des 10%.

LFI doit donc garder le programme qui a recueilli tant de succès chez les jeunes, mais doit absolument passer la vitesse supérieure chez les 60 ans et plus. Le problème est que, pour beaucoup dans cette catégorie, LFI n’apparait pas comme étant une force rassurante. Le thème de la sécurité revient régulièrement et nous devons absolument y répondre. Pas dans les termes traditionnels de la droite et de ses discours xénophobes. La parole forte de Jean-Luc Mélenchon sur le terrorisme, la République et la Laïcité est importante lorsque l’on s’adresse aux gens. Aussi, la question de l’ordre est à repenser en termes de propositions politiques. Macron crée le désordre en privatisant, en faisant reculer les services publics, en tapant sur la CSG, etc… A nous de montrer que l’ordre, c’est de se sentir protégé au travail, de savoir que l’on peut faire des plans sur les années suivantes sans avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, c’est de cotiser pour avoir la sécurité sociale, des hôpitaux en bon état, avec des personnels non-pressurés etc…

Si nous parvenons à faire tout cela, nous obtiendrons d’excellents résultats. Et sortir en deuxième position aux européennes conditionnera également nos résultats aux scrutins municipaux, départementaux et régionaux. Dans l’optique d’une stratégie globale de prise de pouvoir, nous devons démontrer que partout où les Insoumis sont présents, c’est pour travailler à défendre l’intérêt général, à étendre la sécurité des citoyens (qu’elle soit sociale, démocratique, environnementale etc…).

Arnaud GUVENATAM

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